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La Balustrade de Guilaine Depis - Page 5

  • Yozone a aimé "L'agonie de Gutenberg" - merci à Hilaire Alrune

    couvcoupry.jpgAgonie de Gutenberg (L’)
    François Coupry
    Pierre Guillaume de Roux, essais / chroniques, 268 pages, mars 2018, 23€

    Qui ne trouve pas de support – éditeur ou revue – pour publier ses pensées crée un blog, ce qui permet à tout un chacun d’écrire dans le désert en ayant l’impression d’être lu, exactement comme celui qui pérore au-dessus du comptoir de zinc a l’impression d’être entendu. « L’Agonie de Gutenberg » inverse le mouvement : nés d’un blog/blogue, ses textes sont devenus de papier. Un petit arrière-goût de revanche qui, espérons-le, ne fera pas naître dans l’esprit des blogueurs trop d’espoirs inconsidérés : François Coupry ayant déjà quelques dizaines de volumes à son actif, il n’est pas étonnant de le retrouver une fois encore sur les étals des libraires.



    Sous-titré « Vilaines pensées 2013/2017 », « L’Agonie de Gutenberg » est donc composée de textes écrits au jour le jour sur le blog de l’auteur, lequel avoue, “avec le sournois et calculé souci d’une certaine cohérence”, avoir ajouté des textes qui, à l’époque, n’étaient pas aboutis. Un peu de reprise, et un peu de recul sur l’ensemble, mais assez peu cependant : les dates parlent d’elles-mêmes. Ce qui veut dire aussi un exercice par essence périlleux : lorsque l’on écrit dans le moment, lorsque l’on s’intéresse à l’actualité, on s’expose au grand écart perpétuel entre la platitude de comptoir et la pertinence prophétique, entre l’ironie facile et la perspicacité vraie, entre le constat désabusé et l’originalité de la vision.

    « Ainsi, la fiction croit toujours devoir s’insinuer dans une réalité qui la structurerait, lui donnerait sens : c’est le contraire qui arrive, l’épreuve du réel brouille et anesthésie les significations. »

    Une manière de contourner la difficulté est de donner à l’ensemble un aspect un peu moins instantané, ou un peu moins personnel, en utilisant des narrateurs divers (intermédiaires de pensée qui ne cherchent pas à donner le change très longtemps, comme « FC » ou « Monsieur Piano »), ou en passant par le fabliau, l’historiette, le conte, lesquels ne sont souvent déconnectés du contemporain qu’en apparence, et autorisent la mise en scène d’une naïveté feinte et révélatrice, d’une cruauté fictive mais non sans véritables correspondances avec le réel, d’une fantaisie en apparence débridée mais elle aussi permettant, pour l’observateur attentif, de mieux enfoncer le clou.

    C’est sans doute dans ces derniers registres que l’auteur est le plus à son aise, ce qui n’étonnera personne : on sait qu’il est une figure de ce groupe de la « Nouvelle Fiction », aux côtés d’auteurs tels que Georges-Olivier Châteaureynaud, Frederick Tristan ou Sylvain Jouty, qui n’en est pas à une invention près. On trouvera donc dans cette « Agonie de Gutenberg » des fables de tous types, décrivant des contrées qui malgré leurs attributs de contes ne sont jamais très éloignées de notre monde. Dans ces fables, des rois, des Candides, des voyageurs, des impératrices, des idiots, des sages, des princesses, des prétendants, des fantômes, des lois, des élections, des quêtes, des intelligences artificielles. Et bien d’autres choses encore.

    « Il y a un drame dans l’art du roman. Deux inventions nouvelles, et prétendument modernes, freinent les élans des raconteurs d’histoires : les téléphones portables et l’abolition de la peine de mort.  »

    Que l’on ne soit pas rassuré par le terme de contes. Certains d’entre eux sont particulièrement féroces, comme pouvaient l’être des « fables » d’Ambrose Bierce, ainsi de « La dramatique honnêteté de M. Piano » (2 avril 2014) ou de « L’Art de bâtir des projets heureux » (3 mars 2017). D’autres sont moins ouvertement grinçantes, plus doucereuses, tout au moins en apparence, car l’on finit bien souvent par percevoir comme un arrière-goût acide. Des gens bien intentionnés ne pourraient-ils pas dissuader les femmes d’accoucher ? Ne pourrait-on pas reconsidérer l’art de Franz Kafka à travers le prisme de l’offre et de la demande ? Ce sont ainsi mille et un questionnements révélateurs du monde comme il ne va pas qui sont ainsi proposés.

    Questionnements, mais aussi rencontres inattendues au fil de fables : un cadavre qui refuse obstinément de se décomposer, une balle de revolver qui se meut dans un temps différent et nous relate elle-même l’histoire d’un crime, une souris démocrate, des vieillards qui prétendent être de gauche, un singe qui, empaillé, continue à penser, un Dieu qui prend la parole comme si lui-même tenait un blog, et bien évidemment le diable – toutes sortes de créatures qui, si nous parvenons à l’admettre, et pour notre plus grand désespoir, ne sont bien souvent autres que nous-mêmes.

    «  Le conte, le merveilleux, reviennent visiblement et lucidement à la source, en s’épargnant l’illusion d’une réalité qui de toute manière reste indicible.  »

    Nous-mêmes, ou l’auteur lui-même : on le sait, les mots les plus fréquemment rencontrés sur internet ne sont autres que « moi » et « je ». Fort heureusement, par le biais de ses avatars, François Coupry évite l’écueil, ne se livre directement que par moments, comme par exemple lorsqu’il parle, à la date du 2 octobre 2014, de la place atypique de ses œuvres dans les genres littéraires. “ Je publie dans des collections et des éditions dites littéraires”, écrit-il, “mais suis trop littéraire pour le ghetto de l’imaginaire et trop délirant pour les tenants de la transcription d’un vécu sincère auquel le lecteur peut adhérer d’emblée.” On pourra conclure sur ces mots, car cette « Agonie de Gutenberg  » en est un exemple de plus. Une preuve, si besoin était, que l’on peut porter le même regard lucide sur le monde et sur soi-même.


    Titre : L’Agonie de Gutenberg (vilaines pensées, 2013-2017)
    Auteur : François Coupry
    Couverture : Sandra Musy
    Éditeur : Pierre Guillaume de Roux
    Site Internet : page roman (site éditeur)
    Pages : 268
    Format (en cm) :14 x 22,5
    Dépôt légal : mars 2018
    ISBN : 9782363712394
    Prix : 23 €


  • "L'agonie de Gutenberg" sur Boulevard Voltaire par Christian de Moliner

    L'agonie de Gutenberg

    de François Coupry

    Professeur agrégé et écrivain
     
     
    Cliquez pour acheter

    Le livre de François Coupry, L’Agonie de Gutenberg, est singulier. Il rassemble 150 petits textes de 3.000 signes chacun, qui sont d’abord parus sur son blog au rythme d’une ou deux par semaine, de 2013 à 2017.

    François Coupry est un féroce contempteur de notre époque où les multiples écrans séparent les humains et les murent dans la solitude, où la civilisation du livre (Gutenberg) s’estompe peu à peu et où un nouveau monde balbutie. Avec ses petites saynètes toujours renouvelées, qui sont tantôt poétiques, tantôt philosophiques, tantôt des contes à la Jean de la Fontaine, l’auteur dresse un portrait amusé des tares de notre société. Il met souvent en scène son double, M. Piano, un professeur d’université excentrique dont il se moque allègrement et gentiment en mettant en avant ses défauts et ses inévitables compromissions. Mais il adopte également, d’une manière récurrente, le point de vue d’une souris ou d’une balle de revolver. Avec M. Coupry, tout est possible !

    Ces chroniques excentriques tombent juste ou, sinon, du moins contiennent un fond de vérité. Par exemple, un de ses articles explique comment se débarrasser de Daech : ne plus jamais parler des islamistes ! Ceux-ci finiront par ne plus croire en leur existence réelle et rentreront chez eux la tête basse ! C’est, bien entendu, irréaliste et absurde, mais le califat ne prospère-t-il pas parce qu’il est devenu l’ennemi public numéro 1 et que tous les médias le dénoncent ?

    Autre remarque qui tombe juste. À l’époque de Franz Kafka, les auteurs à succès écrivaient des histoires d’amour. Kafka n’a pas suivi leur exemple. Il a écrit des contes bizarres qui sont encore connus de nos jours alors que les écrivains classiques les plus célèbres parmi ses contemporains sont, pour la plupart, tombés dans l’oubli. Les canons qui décident de la beauté et de l’intérêt d’une œuvre changent suivant les époques mais, surtout, plus un livre est original, plus il a de chance de s’imposer et de charmer les différentes générations qui se succèdent.

    Si vous aimez les histoires carrées et logiques, les situations plutôt conventionnelles, n’ouvrez pas le livre de M. Coupry. Mais si vous avez un esprit ouvert et curieux, si vous appréciez d’être bousculé hors de vos certitudes, si vous cherchez une logique différente, si vous êtes fan de Franz Kafka, n’hésitez pas à vous procurer ce gros livre car, alors, vous êtes sûr de passer un bon moment !

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  • Vie d'une rock-star : 712 pages d'un roman historique exceptionnel autour de l'assassinat de Bob Kennedy

    Capture d’écran 2018-05-03 à 11.18.04.pngPARUTION LE 11 MAI 2018

    AMBASSADOR HOTEL

    La mort d’un Kennedy,

    la naissance d’une rock star

    Un roman de

    MARIE DESJARDINS

     

    Contact presse : Guilaine Depis 06 84 36 31 85 guilaine_depis@yahoo.com

    Résumé :4 juin 1968, Ambassador Hotel, Los Angeles. RIGHT, un nouveau band rock britannique, y débarque pour enregistrer un album. La nuit même, Bob Kennedy est assassiné dans les cuisines de l’hôtel. Un meurtre inspirant : « Shooting at the Hotel » devient aussitôt un hit et propulse le leader du groupe, Roman Rowan, au rang de rock star. 

    Quelque cinquante ans plus tard, RIGHT fait sa dernière tournée mondiale. Occasion d’un bilan pour Roman Rowan, d’un immense retour sur le passé, d’une réflexion torturée sur les tristes circonstances d’un succès planétaire.

    Dans ce roman, Marie Desjardins décrit brillamment l’archétype de la rock star britannique des années 1960 continuant de performer sur les scènes mondiales. Un texte très bien ficelé tenant du thriller psychologique et de la biographie foisonnante de détails, sur fond d’Histoire rigoureusement documentée. Les pistes y sont savamment brouillées – plus réelles que le réel. Un page turner littéraire, troublant et remarquablement écrit. Un éclairage profond et décapant sur le chanteur d’un band légendaire.

    Au fil des pages, c’est toute la vie de Roman Rowan que le lecteur découvre – enfance, famille, ascension vers le succès, rivalités et querelles, femmes, luxure, tours du monde, et, surtout, une profonde introspection du personnage. Peu à peu, les vérités se révèlent, mais aussi cette femme, la déroute d’un amour avorté, le secret d’une vie.

    Un éblouissant portrait du rock, d’une époque, d’un chanteur en fin de parcours.

     

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  • "Coupry est frais" dans le Salon littéraire par Bertrand du Chambon

    couvcoupry.jpgPublié déjà, comme le temps passe, par au moins dix éditeurs différents, François Coupry est un récidiviste. On dirait presque un vieux cheval de retour, si ce n'est que la proximité avec le cheval de labour ne lui sied pas du tout ; car François Coupry, avant tout, est léger, drôle, aérien.
    C'est une libellule, un papillon, un phasme.

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  • Exposition : Au coeur des bleus camaïeu : Camille Claudel et lui en duo par Isabelle BÉNÉ

    l'augure des pawnee.jpg
    A
    u cœur des bleus camaïeu :

    Camille Claudel et lui en duo

    Une exposition d’Isabelle BÉNÉ

     

    Mairie du 8e arrondissement

    3 rue de Lisbonne 75008 Paris

    du 1er au 14 juin 2018

    (sculpture à gauche : l’augure des pawnee)

     

    Invitation au Vernissage

    le 31 mai 2018

    RSVP par mail à guilaine_depis@yahoo.com

    (sculpture à gauche : l'augure des pawnee)

     

    17h30 : remise de la médaille de chevalier dans l'Ordre national du Mérite à Isabelle BÉNÉ par Jean-Louis Chambon, Président du Prix Turgot

    et discours de Mme la Maire du 8ème Jeanne d’Hauteserre

    18h30 : inauguration & cocktail

    Contact presse : Guilaine Depis guilaine_depis@yahoo.com 06 84 36 31 85

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  • La préface de Guilaine Depis pour le roman "Thanatos et Eros" de Christian de Moliner

    thanatos.jpgPréface à Eros et Thanatos de Christian de Moliner

    Dans la mythologie grecque, Eros est la personnification de la Vie et Thanatos celle de la Mort.  Freud va s’emparer de cette dichotomie pour élaborer sa théorie d’affrontement des pulsions sexuelles d’autoconservation et d’anéantissement. Chez Christian de Moliner, ce singulier roman - « Eros et Thanatos » - est le théâtre de leur duel : le narrateur, Augustin Miroux, dans le poumon duquel Thanatos déguisé en cancer s’engouffre à grands pas, a bien décidé de puiser force et réconfort dans Eros qui se présente à lui sous les traits harmonieux d’une escort girl tchèque : Lizaviéta.

    La soixantaine flageolante, Miroux est un professeur d’université de province las de ses étudiants apathiques qui baillent aux corneilles. Il mène une vie plate et morne avec sa femme Clémence ; ensemble ils constituent le parfait stéréotype du couple à l’ancienne qui se prolonge en dépit d’un désir émoussé voir porté disparu.

    Facétieuse, la vie a infligé une rareté génétique à notre anti héros : lui qui n’a jamais fumé de sa vie se retrouve avec une tumeur bronchique. Mais elle lui a aussi réservé une superbe surprise avec le coup d’éclat de l’invraisemblable succès de son essai « Analyse de droite du monde »qui le propulse au cœur du milieu intellectuel européen. Miroux se voit ainsi convié à prononcer « le discours de sa vie » à Prague et pour fêter cet apogée de sa carrière de prof terne aux quinze navets publiés, il décide de profiter du voyage pour s’offrir les services d’une call-girl praguoise durant les quatre jours de son escapade. Puisque la fin approche, autant mettre ce séjour snob et glorieux à profit pour jouir une dernière fois dans les bras d’une bombe qu’il choisit sur un catalogue du net bien faite et distinguée.

    Miroux commence à se réjouir de s’être payé pour 10 000 euros l’accompagnement d’une telle créature, rêve qu’il la possèdera et qu’elle sera à son service en permanence… Mais patatras ! Rien ne se passe comme prévu : dès leur rencontre à l’aéroport, la belle Lizaviéta, sa conscience professionnelle en bandoulière, va prendre les choses en mains.

    Et le séjour praguois va prendre avec cette inversion des rôles une tournure des plus cocasses, digne de Guitry pour son mordant. L’escort se révèle entreprenante et dirigiste, ayant à cœur de rendre le plus heureux possible son client. Tandis que le pauvre Miroux, torturé par la culpabilité de s’être approprié le corps d’une femme contre monnaie sonnante, aura tôt fait de se retrouver tétanisé dans le lit sous les assauts de la dame dévergondée – en apparence ( ? ) assoiffée de sexe.

    Sous les dehors d’une adorable fable qui fait pour son contexte penser à Pretty Woman, Moliner aborde l’un des thèmes les plus fondamentaux de la littérature mondiale : la culpabilité. Son Miroux est aussi torturé que l’homme du Souterrain de Dostoievski. Dévoré par les questions qui l’assaillent sur la sincérité de la pro à l’œuvre, il a bien du mal à éprouver du plaisir. Moliner nous fait pénétrer au scalpel dans les circuits intimes de la pensée de son narrateur. Et comme il est surdoué, par souci d’équité, il note également en italique toutes les impressions et émotions de « l’employée ».

    Roman psychologique beaucoup plus sérieux qu’il ne le semble de prime abord, il décortique les moindres idées traversant l’esprit de ses personnages et fait dialoguer leurs consciences en off. On pense à la puissance de l’œuvre d’Emmanuel Bove qui a si bien décrit lui aussi les soubresauts de l’esprit humain.

    « Je suis un besogneux de l’écriture et mon style est laborieux. A force de le travailler, j’arrive à le rendre plus léger, plus aérien, mais je dois me battre longtemps avec lui. » nous confie Augustin Miroux.

    Pour suivre le travail d’essayiste et l’œuvre romanesque de Christian de Moliner depuis bientôt deux ans, je suis stupéfaite par la cohérence et l’unité de l’ensemble. « Plus un artiste est grand, plus ses obsessions sont les mêmes » disait Cioran. Moliner est donc un grand artiste car ses ouvrages rassemblés sont portés par plusieurs fils conducteurs récurrents. Selon les bons conseils de l’oncle Arthur, Moliner a su se fourrer tout entier dans son œuvre. Il écrit comme il respire et expire des mots écrits. Sa sensibilité magnifique est la matrice d’une œuvre qui questionne le monde en même temps qu’elle transforme en or ses démons extérieurs et intérieurs. 

    Guilaine Depis