moi

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Vilaine pensée n°171 "Fin du suspens ?" (François COUPRY)

    Vilaines Pensées 171 : Suite et fin du... Fabuleux Feuilleton pour envenimer la paranoïa !

     

    Horrifié de se croire Dieu, M. Piano, par esprit scientifique, envisagea de renouveler l’expérience - le dévoilement des données recueillies tuerait-il une autre personne, au hasard ? Mais voilà que Mme Piano arriva dans la pièce : Je me demande ce que Gogol and co connaissent de moi ? dit-elle.

    De plus en plus affolé, notre Piano, lâchement, suggéra de plutôt chercher les données enregistrées d’une lointaine cousine qu’on ne voyait jamais.

    L’écran du petit ordinateur portable afficha les vices, les obsessions, les achats sacrilèges, les connexions curieuses, c’est-à-dire la beauté, l’originalité, la vitalité, le génie, en somme la liberté de cette cousine qu’on ne voyait jamais - jusqu’au moment où l’ordinateur afficha en rouge la phrase fatidique en annonçant le décès, et où M. Piano, prudent bien que divin, l’éteignit avant que son épouse ne saisisse le désastre, clic !

    Mme Piano donc ignora son pouvoir de vie et de mort, et le couple Piano jouit quelques mois de ce rôle admirable, de ce privilège d’être les gardiens de la mémoire universelle. Mais nul voyageur ne se présenta, comme en un conte de Kafka, pour pénétrer entre les portes ouvertes de la Loi ; et M. Piano, trop angoissé bien que divin, refusa de remettre en marche le petit ordinateur, de crainte de déterminer encore la mort d’un être humain en découvrant ses secrets les plus intimes, en le dénudant trop !

    Mais, pour occuper son angoisse, M. Piano inspectait toujours le ciel : jamais nul nuage ne se signalait, qui regrouperait les confidences de l’humanité. Alors, il décida d’inspecter le sous-sol, ayant remarqué une trappe sous la table de la cuisine de la maisonnette.

    Dans le noir, de sombres souterrains, comme dans un roman gothique, allaient vers des galeries qui sentaient le moisi ; des couloirs qu’éclairait la torche tenue par les Piano, jusqu’au plus profond : au milieu de toiles d’araignée reposait, massive, une vieille machine qui délivrait parfois des cartes perforées, comme il y a des siècles ! Ainsi, Google, Apple, Facebook, Amazone, Microsoft and co sous l’apparence d’une modernité, utilisaient les moyens les plus archaïques pour être des dieux, et pouvoir déterminer la mort de l’autre par le truchement de la Connaissance !

    Mme Piano portait les valises : — On s’en va. — On va se faire assassiner ! — Tais-toi, mec moderne, et arrêtons de nous prendre pour Dieu, Il rigole de nous. Ils couraient sur la plaine d’herbes rases, les Piano, et prirent le premier train dans une gare qu’ils cherchèrent longtemps.